Ce petit livre, élaboré à partir de documents d’archives, raconte l’histoire de l’évêque de Patti, Monseigneur Ficarra. Aux élections de 1946, dans son évêché, la démocratie chrétienne a subi un revers électoral. C’est une liste constituée par « des francs maçons, des excommuniés », bref «  des communistes » qui l’a emporté. Selon le responsable de la section démochrétienne : « De partout, on travaille pour Dieu, à Patti on a travaillé pour Satan. » Les lettres des plus hautes autorités religieuses  demandent à l’évêque de bien vouloir avouer ses erreurs. L’évêque a autre chose à faire. Selon Sciascia, « On peut imaginer avec quel ennui, avec quelle lassitude, il descendait de ses chères études, de la méditation, de la prière, de l’active charité quotidienne, de la tolérance plus vécue que professée, pour se disculper et disculper les autres d’accusations aussi absurdes que misérables ». Et le harcèlement continue. Mais ce n’est pas seulement de l’Eglise dont il s’agit ! « Nous voici aux racines  du procès inquisitorial- ou stalinien. Il faut, fût on innocent, se rendre à la faute. »  Mais Monseigneur Ficarra a sa conscience pour lui. 11 ans après les élections de 1946 , il apprend dans la presse qu’il est nommé “archevêque” de Leontopolis d’Augustamnica (inutile de chercher sur une carte, cela n’existe pas).  Contrairement à ce qu’on lit d’habitude, toute ressemblance avec des faits réels relevés dans l’Eglise ou, comme dirait Sciascia parlant du stalinisme, dans l’Eglise d’en face n’est nullement fortuite mais totalement volontaire.